Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/115

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et vous aurez des valets qui vous aideront dans toutes vos manigances.

— C’est ce que nous avait annoncé M. le baron, dit le faux Lucas Barnèse. Suivez-moi, mon frère Luigi.

Le frère Luigi avait l’oreille assez basse, mais comme, en définitive, son rôle était muet, il ne le jouait point encore trop mal.

Quant au More, il y avait une chose qu’il redoutait singulièrement, c’était le trop de zèle de M. le baron de Gondrin-Montespan qui, en sa qualité d’impresario, allait peut être venir et s’occuper des préparatifs. À tout hasard, en montant, il recommanda à Mitraille de bien tenir son voile et remit le reste à la grâce de Dieu.

Il n’y avait dans la salle des concerts que des valets de la reine qui avaient préparé d’avance le drap blanc qui sert à ces sortes d’exhibitions. Le More fit disposer le drap au fond de la pièce et dit :

— Maintenant, amis, sortez tous. Le grand secret que contient cette boîte nous a coûté, à mon frère et à moi, une fortune. Tant qu’il y aura ici un seul témoin, nous ne pouvons nous livrer à nos travaux préliminaires.

Les valets sortirent, regardant la boîte avec un respect goguenard, où il y avait pourtant un peu de frayeur.

Comme le dernier s’éloignait, ce coquin de Mitraille dit :

— Je ne sais pas parler savoyard, moi. J’étouffe là-dessous. Demandez-leur un peu à boire.

Don Estéban se rendit à ce désir, et Mitraille