Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/127

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— À cela ne tienne ! s’écria Gondrin, je tiendrai la vielle pour ne point retarder les plaisir du roi.

Louis XIV dit avec solennité :

— Nous vous remercions, monsieur de Gontrin-Montespan.

— Sire, dit aussitôt le More avec le plus pur accent de Bergame, mesdames et messieurs, vous allez voir ce que vous allez voir ! Regardez de tous vos yeux, je vous y engage, car c’est la merveille des merveilles, et il ne vous sera peut-être pas donné de contempler deux fois une curiosité si agréable. Allez, la musique !

Aussitôt, M. le baron de Gondrin promena ses doigts sur les touches de son instrument et fit jouer la manivelle. Le baron avait choisi une bourrée d’Auvergne qu’il exécutait de la meilleure grâce du monde.

— Ce brave gentilhomme, dit tout bas M. de Beaufort à l’oreille du roi, est un passionné serviteur de Votre Majesté. On lui fait attendre bien longtemps un poste qu’il désire, et qu’il occuperait à miracle.

— J’y pourvoirai, repartit le roi avec un admirable sérieux.

Le More prenait lestement ses dernières dispositions, mais il semblait chercher quelque chose du côté des appartements de la reine. Son regard, qui brillait à travers les trous de son voile, était fixé sur l’extrémité du troisième banc où s’asseyaient M. le cardinal de Mazarin et madame Éliane.

Quant à ce coquin de Mitraille, il se tenait droit comme un I et n’était pas trop mécontent de son sort parce qu’il n’avait rien à faire. Seulement il