vient à ma naissance, soyez franc avec moi. Si nous avons mêmes intérêts, nous pourrons contracter alliance. Est-ce pour votre compte ou pour le compte d’autrui que vous avez attaqué si hardiment cette femme ?
— Monsieur le baron, reprit le More, ceci est mon secret.
Le baron prit la lampe à la main.
— Quand je veux avoir un secret, dit-il, il me le faut de gré ou de force. Qui êtes-vous, mon camarade ?
— Je suis, répondit le More, l’homme qui vous a empêché de tuer le jeune Gaëtan de Saint-Preuil.
— Oh ! oh ! fit Gondrin étonné. Don Estéban ! sous ce déguisement !
— Je vous avais promis, poursuivit le More, de vous payer un bon prix pour la vie de ce jeune homme.
— En effet… Et serait-ce pour moi que vous avez joué cette comédie ?
— Non, repartit le More.
— Voici qui est franchement déclaré. Et n’avions-nous pas rendez-vous pour ce soir ?
— Si fait, monsieur le baron : je suis au rendez-vous.
Gondrin leva la lampe et montra du doigt le voile noir qui couvrait toujours le visage de son interlocuteur.
Celui-ci obéit aussitôt à cette muette injonction. Il écarta le voile et laissa voir un visage de bronze encadré dans une épaisse barbe noire. L’expression de ce visage était une douleur morne et profonde.