Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Cela était vrai, et cela était à la connaissance de tous. Dans la nuit même qui avait suivi la première arrivée du comte et de la comtesse de Pardaillan, venant prendre possession de leur château, le petit Renaud, âgé de quatre ans, avait été enlevé de son berceau par une main inconnue.

Bien que le seul intéressé fût, en apparence, M. le baron de Gondrin, l’auteur du rapport, le sieur de Saint-Venant eut la clémence de ne le point accuser.

Mais les trois requêtes furent noyées.

Nous devons ajouter que, depuis lors, nul n’avait pu retrouver la trace du petit Renaud de Guezevern, seul héritier des biens de Pardaillan.

Et qu’à défaut de requêtes les bavardages allaient leur train, si bien que dame Honorée, au fond de sa dévote solitude, en pouvait ouïr continuellement l’écho.

Elle questionnait par lettre Éliane qui lui répondait fidèlement, mais les réponses d’Éliane ne contenaient jamais que des choses connues par la vieille dame. Ces réponses parlaient de la santé de son mari qui était bonne à la condition que rien ne vint éveiller la terrible susceptibilité de son état mental ; elles faisaient allusion souvent au malheureux enfant, qui était désormais perdu sans espoir, et remerciant Dieu dont la bonté leur avait gardé du moins ce cher petit être, leur fille, leur seule joie, leur dernier amour.

Pola grandissait, Pola était bonne, Pola était belle.

Deux mois avant le moment où recommence notre récit, dame Honorée avait eu une grande