Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/172

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dit M. de Mazarin, qui ouvrit un pupitre placé près de lui, en murmurant : Per dio omnipotente ! J’aurai loyalement gagné mes cent mille livres !

Il paraît que, décidément, la cédule n’était pas pour Anne d’Autriche.

Celle-ci, pendant que Mazarin écrivait, se tourna vers la comtesse :

— Il suffit, madame, dit-elle. Nous nous engageons à vous soutenir. Ce que vous demandez est chose faite.

— Je puis reconnaître mon fils ! s’écria Éliane éplorée, je puis rappeler près de moi ma fille !

— Vous le pouvez, madame.

Un geste de la reine empêcha Éliane de s’élancer pour lui baiser les mains. Elle se retira le cœur rempli d’allégresse.

La reine, dès qu’elle fut partie, étira ses bras au grand déplaisir de Minette, que ce long entretien avait endormie.

— Je suis brisée de fatigue, dit-elle.

— Encore cet effort, ma reine, répliqua Mazarin en lui apportant le parchemin à signer.

Elle signa.

Et je ne sais comment cela se fit, malgré sa grande lassitude, Anne d’Autriche resta longtemps, longtemps à causer avec son futur ministre.

Sans doute qu’ils s’entretenaient du bien de la France.

Tout en causant, la reine jouait avec le parchemin qu’elle venait de signer, et qui contenait le salut de notre Éliane.

Anne d’Autriche le plia d’abord, puis le froissa, puis en fit une boule. Cela ne dépendait aucune-