Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/175

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un peu plus de voix. Au troisième vers, la crosse d’un mousquet frappa le sol, sous l’ombre des tilleuls, et une voix enrouée cria : Qui vive !

— Le couvent est gardé, murmura Mélise en se reculant.

Un nez rouge et une solide moustache sortit de l’ombre.

— C’est-il vous qui êtes le chevalier de Saint-Preuil, ma jolie fille ? demanda un soldat du régiment de Bretagne-Richelieu, appartenant à M. le maréchal de la Meilleraye.

Ce soldat breton avait un fort accent tudesque.

Mélise se mit à rire, quoiqu’elle n’en eût guère envie.

— Non, répondit-elle en montrant l’émail éblouissant de ses dents. Mais qu’auriez-vous fait si j’eusse été le chevalier ?

— Sagrament ! répliqua le soldat, la consigne est claire : je lui aurais logé une balle entre les deux yeux, tarteifle !

Mélise referma la fenêtre.

— Décidément, Paris ne vaut plus rien pour ce pauvre chevalier, pensa-t-elle. Le moment est venu de lui faire faire un petit voyage.

Or, quand même il eût été l’heure habituelle, et quand même le soldat allemand de Bretagne-Richelieu n’eût point été placé en faction dans le clos Pardaillan, il est certain que Pola n’aurait point répondu, ce matin, au signal de son amie Mélise.

Pola était bien autrement occupée.

Il y avait du bruit et de l’émotion dans la maison si calme de dame Honorée de Guezevern. Au