Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/180

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t’ai éduquée, après tout, et je n’ai jamais eu confiance en ce misérable hypocrite de Saint-Venant ! On lui en donnera des fillettes comme notre Pola ! À son âge ! Mais que Dieu bénisse notre reine et ce bon M. le cardinal ! Tous ces coquins vont avoir la figure longue d’une aune ! Ah çà ! j’espère bien que tu vas m’amener mon beau petit neveu avant notre départ ? Il a ses vingt ans sonnés, sais-tu ? Est-ce qu’il ressemble à ce mauvais sujet de Pol ? Pauvre Pol ! Quelle histoire ! Je vais commencer une neuvaine, chérie, pour que tout cela marche comme sur des roulettes.

Lorsque Pola rentra, habillée pour le voyage, dame Honorée la baisa au front et lui dit :

— Mon enfant, vous avez une noble mère !

Pendant qu’avait lieu cette scène, Mélise, notre chère effrontée, était rentrée dans son réduit pour ajouter à sa toilette un chaperon de ville. Les gens de M. le duc de Vendôme, tous et chacun, lui avaient déjà offert bien des fois leur cœur. Elle traversa les cours de l’hôtel au milieu d’un feu croisé de baisers, décochés par toutes les fenêtres, et gagna la porte qui donnait sur la rue Saint-Honoré.

Non loin de l’hôtel de Vendôme, dans cette même rue Saint-Honoré, il y avait une auberge, ce que nous appellerions aujourd’hui un garni, où logeaient à peu de frais les hommes de guerre en passage à Paris, les laquais et pages cherchant du service. C’était une assez grande maison à quatre étages, portant pour enseigne l’Image Saint Pancrace. Mélise, il faut l’avouer, surtout au point de vue d’une discrète personne comme dame Hono-