Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/182

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C’était dans le logis même du marquis de Villaréal, envoyé secret du roi d’Espagne, et par conséquent patron de don Estéban, qu’elle avait eu ses meilleurs renseignements. Elle avait franchi le seuil de cette maison murée, précisément pour se rapprocher du More, qu’elle comptait gagner à sa cause. Et certes, elle n’avait pas tort d’espérer cela, car le More avait pour elle seule au monde de douces et paternelles galanteries. Elle apprit ce jour-là avec étonnement que don Estéban, quoique faisant partie, en apparence, de la suite du marquis, ne logeait point sous son toit.

La visite de Mélise pourtant ne fut point inutile. En trois minutes, elle gagna trois cœurs ; une vieille gouvernante, qui ne savait pas un mot de français ; un bachelier entre deux âges, qui parlait latin, et un page, dont les yeux parlaient toutes les langues de l’univers.

Mélise aurait compris de l’hébreu, quand elle avait envie de savoir. À l’aide de ses trois amis, la duègne, le bachelier et le page, elle parvint à connaître ce qui suit :

Don Manuel Pacheco, marquis de Villaréal, envoyé de Madrid, après la mort de Louis XIII, pour sonder les dispositions personnelles de la reine, voyageait à grandes journées avec une suite peu nombreuse. En quittant Pampelune, il fut accosté par un bizarre personnage, montant un cheval arabe de bon sang et enveloppé dans un burnous de Tanger. Cet homme sollicita la permission de suivre le cortège pour avoir sa protection en passant les montagnes. Les Pyré-