Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/221

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dans l’antichambre de M. de Vendôme, un épisode du drame.

Le drame l’enveloppait. Son propre danger, mortel qu’il était pourtant, disparaissait sans cesse à ses yeux devant le tyrannique envahissement du drame. Quoi qu’il put arriver désormais, il était un des personnages de ce drame, dont la péripétie allait entraîner son destin.

Gaëtan donna d’abord un regard aux êtres de sa chambre à coucher. C’était, à vrai dire, un grenier plutôt qu’une chambre. Il voyait au-dessus de sa tête le chaume du toit, à travers les lacis irréguliers de la charpente. À part la chaise de bois et une table boîteuse, il n’y avait point de meubles.

Quant au trou que masquaient les rideaux de serge, « l’alcôve », Gaëtan n’eut pas même la pensée d’en violer le secret. Il avait été déjà l’hôte de cette demeure et se souvenait vaguement de je ne sais quelle fantastique légende où le fantôme de l’aïeul jouait un rôle à faire peur.

Il alla vers la lucarne pour jeter un coup d’œil au dehors. La maison était pleine de bruits. L’orage avait fait rentrer tout le monde. Gaëtan vit en face de lui, dans le sombre, cette énorme masse, noire et carrée, qui était le château de Pardaillan. Quelques lumières brillaient aux fenêtres. Comme il cherchait à deviner celle de Pola, un large éclair illumina le ciel, découpant avec une vigueur soudaine les profils du château, autour duquel, malgré l’averse battante, se dessinait un cordon d’ombres immobiles. Il n’y avait pas à s’y tromper : c’étaient des sentinelles.

— Allons, se dit Gaëtan, il faut dormir afin