Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/229

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À la vue de nos trois compagnons, le père, la mère et la fille dirent tous trois à la fois :

— Je n’en ai fait monter qu’un, et voilà qu’ils sont trois !

Car Minou Chailhou, le brave homme, avait agi envers le More, comme Margou avec Roger, comme Cathou avec Gaëtan : chacun d’eux, à l’insu des autres, avait violé la virginité de la chambre de l’aïeul.

Et chacun d’eux, après le premier moment de surprise, s’écria :

— Or çà, où est le feu, qu’on l’éteigne !

Le More répondit :

— Si l’on vous avait demandé tout simplement un broc de vin, seriez-vous donc venus ?

— Non, certes, répliqua le père, nous sommes trop occupés en bas.

— Vous voyez donc, que j’ai eu raison de crier au feu, puisque vous voici.

— Comment ! glapit la vieille Margou, le feu n’est pas à la maison ?

— Il va y être, bonne femme, répliqua sérieusement le More, si nous n’avons pas notre vin dans trois minutes. Regardez-moi bien, c’est moi qui vais l’y mettre.

Minou, Margou et Cathou descendirent comme une avalanche.

Gaëtan dit, avec un sourire où il y avait un peu de moquerie et beaucoup d’admiration :

— Maître Roger, celui-là est un homme qui en sait long, et, s’il vous plaît, nous l’écouterons.

— Cela me plaît, monsieur le chevalier, répondit le page.