Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/231

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vous avez prononcée à Paris. Je n’ai pas à vous apprendre que vous venez de serrer entre Roger et moi les liens d’une véritable affection.

Le page lui secoua la main rondement.

— Maintenant que cette petite tête folle n’est plus entre nous, murmura-t-il, c’est à la vie et à la mort.

— Pardieu ! fit Estéban, j’ai eu assez de peine ! Voyons ce que j’ai dit à Paris, car j’en ai encore long à vous apprendre, mes maîtres, et il ne faut pas nous fâcher avant la fin.

— Vous avez dit, prononça lentement Gaëtan, que vous étiez l’ennemi de madame la comtesse de Pardaillan.

— C’est vrai, appuya Roger, vous l’avez dit.

— Et je ne mens jamais, enfants ! ponctua énergiquement le More. Quand vous me connaîtrez mieux, vous saurez cela. Seulement, je puis me tromper : je suis un homme. Et, en tous cas, ceux qui servent la femme que vous venez de nommer doivent compter avec moi, car si je ne suis pas son ennemi, je suis son juge.

— De quel droit ? demandèrent à la fois les deux jeunes gens.

Le More se recueillit avant de répondre.

— Cette femme a un mari et un fils, dit-il enfin avec une sorte d’effort. Je m’intéresse au fils ; j’ai les pouvoirs du père.

— Le père n’est donc pas mort ? s’écria Gaëtan.

— Et vous n’êtes donc pas, ajouta Roger, du même bord que cette séquelle de robins damnés ?

— Non, le père n’est pas mort, prononça lentement Estéban, et je marche tout seul dans ma