Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/246

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— Ici, dit encore Estéban, il n’y a point de sentinelles.

— Vous connaissiez donc le pays d’avance ? murmura Gaëtan. Moi qui l’ai habité j’ignorais l’existence d’une route menant au lieu où nous sommes.

— Chevalier, répondit le More gaiement, les amoureux n’y voient goutte.

— Et comment franchir cet abîme ? pensa tout haut Roger.

Estéban mit deux doigts entre ses lèvres, et un coup de sifflet aigu retentit, éveillant les échos du vieux manoir.

Des profondeurs de l’ombre, une voix douce monta qui chantait :

Nous étions trois demoiselles,

Toutes trois belles
Autant que moi,
Landeriguette,
Landerigoy !
Un cavalier pour chacune
Courait fortune
Auprès du roi,
Landerigoy,

Landeriguette !

— Mélise ! murmura Roger.

— Qui vous attend, monsieur le comte, répondit le More. Il ne s’agit plus que d’arriver jusqu’à elle sans vous casser le cou !