Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/265

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

première. Et ça m’aurait fait grand plaisir.

Ils ont des moments lucides.

Le conseiller Renaud de Saint-Venant entra, souriant et mielleux. Il marcha vers Éliane, les deux mains tendues.

— Se peut-il, madame la comtesse, dit-il, que vous ayez fait tout cela sans chercher mes conseils, sans même me prévenir ! Ne suis-je plus votre vieil ami et le plus sincèrement dévoué de vos serviteurs ?

— Quel est cet ordre de la reine ! demanda Éliane en lui désignant un siège.

— Vous devez le savoir mieux que moi, noble dame, puisque vous allâtes le chercher, cette nuit où vous me fîtes bâtonner par cet aventurier le More…

— Le More ! interrompit Éliane. Je n’ai jamais vu cet homme.

— Certes, certes, dit Saint-Venant, on n’a pas besoin de les voir. On leur fait tenir une cinquantaine de pistoles, et tout est dit. Mais ce brave capitaine Mitraille était avec le More, madame, et c’était là une grave imprudence : Mitraille est de vos gens.

— Je vous jure, s’écria Éliane, que j’ignore ce dont vous voulez me parler. Avez-vous en réalité, un ordre de la reine ?

— Oui, bien chère dame : un ordre de la reine contresigné par M. de Beauvais, lequel n’en signera point beaucoup d’autres, car il s’est passé d’étranges choses à Paris. Ce M. de Mazarin est un homme fort habile, et il paraît que les cardinaux ont la main à gouverner la France. M. le