Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/274

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sormais hors de saison. Nous allons parler franc, s’il vous plaît. M. le baron de Gondrin m’a offert une somme assez ronde. Quand il saura que j’ai l’ordre du roi, il doublera la somme, il la triplera, il la décuplera, si je veux. Ce n’est donc pas l’argent qui me tient. Je vous ai aimée bien ardemment, Éliane !

La comtesse tressaillit à ce nom, lancé avec une doucereuse effronterie. On n’entendait plus aucun bruit derrière la cloison.

— Mais, reprit le conseiller, si nous faisons usage de l’ordre de la reine pour disperser cette nuée de corbeaux, il sera bon de laisser vivre encore quelque temps M. le comte, afin de saisir une opportunité de l’enterrer sans scandale. Or, me voilà qui prends de l’âge, et je ne puis beaucoup attendre. Je m’en tiens, pour ce qui est du mariage, à notre chère Pola, que vous m’avez déjà refusée.

— Son frère est là, maintenant ! interrompit madame Éliane.

— Son frère n’y doit point rester ! prononça durement Renaud. J’ai plus d’une mission en ce pays de Rouergue, respectée dame. M. le maréchal de la Meilleraye m’a chargé de saisir, partout où je le trouverais, le rebelle Gaëtan de Saint-Preuil, qui est, je crois, mon rival auprès de mademoiselle de Pardaillan. Demain, le chevalier Gaëtan et le page Roger partiront pour Paris sous bonne escorte : ils auront fait tous deux un bon rêve.