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Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/299

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Mélise essuya ses yeux troublés par les larmes.

Mitraille attaquait son quatrième flacon. Il demanda :

— Que dit madame la comtesse ? Il y avait du temps que je n’avais trouvé le vin si bon !

Mélise lut encore :

« … Recommande ta sœur au chevalier Gaétan : qu’elle soit sa femme. Adieu, sois béni. Quand tu liras ces lignes, tu n’auras plus de mère. Je n’entendrai pas sonner neuf heures, ici-bas. »

— Quelle heure est-il ? cria Mélise d’une voix brisée.

Elle arracha le dernier flacon des mains de son père.

Le beffroi sonnait neuf heures.

Mélise, forte comme un homme, entraîna son père à l’étage inférieur. La foule envahissait les corridors. Mélise perça la foule. Elle rentra dans sa chambre et dit :

— À vos épées, messieurs ! Chevalier, il faut sauver la mère de votre femme ! Roger, oh ! Roger ! il faut sauver ta mère ou mourir !

Les deux jeunes gens se ruèrent au dehors. La cohue, éventrée par un choc terrible, résista, hurla, puis s’ouvrit devant eux.