Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/316

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Puis, achevant sa besogne, il reprit :

— Voyons, monsieur mon cher cousin, Pol de Guezevern, témoignez, s’il vous plaît, par votre parole ou par votre silence, par votre vie ou par votre mort ! Chacun ici, juges et assistants, va venir et tâter vos membres rigides. N’êtes-vous qu’endormi, mon cousin ? Il est temps encore de protester. Je suis bon parent et je vous réveille !

Sa main tomba lourdement sur l’épaule du mort.

L’auditoire poussa un grand cri ; un cri de stupeur, auquel répondit une sorte de rauquement insensé qui sortait de la poitrine de madame Éliane.

En frappant l’épaule du cadavre embaumé, M. le lieutenant de roi s’était retourné vers l’assistance d’un air provocant et vainqueur. Il vit madame Éliane se dresser toute droite, comme si une invisible main l’eût soulevée par les cheveux, étendre les bras avec folie, rougir, pâlir, puis tomber tout de son long inanimée.

M. de Gondrin, étonné de la stupéfaction générale et sentant à ses côtés le conseiller de Saint-Venant qui grelottait comme un fiévreux, ne se retournait point, parce qu’il venait d’apercevoir au seuil de la porte principale la figure échauffée de ce bon M. de Vendôme, lançant de droite et de gauche de beaux coups de poing aux gens qui lui barraient le passage.

— Ventre-saint-gris ! dit le fils de la belle Gabrielle ; bonjour, Gondrin, tenez-vous bien ! Vous êtes proscrit, mon compagnon ! Arrière, marauds ! Est-ce ainsi qu’on reçoit un enfant de France !