M. de Vendôme avait dit le nom du cadavre vivant ; M. de Vendôme l’avait appelé Pol de Guezevern !
— Monseigneur, dit le More, qui salua avec un merveilleux sang-froid, je vous remercie de m’avoir reconnu après tant d’années.
— Par la sambleu ! répondit le duc de Vendôme, penses-tu qu’on rencontre tous les jours un intendant honnête homme, Bas-Breton, buveur de cidre ? Je n’ai oublié ni toi ni ton remède. Or çà, robins, êtes-vous ici par hasard pour faire de la peine à mon ami Guezevern ?…
— Tiens ! J’y songe ! s’interrompit-il, souriant amicalement à M. de Gondrin. Baron, votre remplaçant, le nouveau lieutenant de roi, s’installe aujourd’hui à Rodez. C’est Guébriant, votre meilleur ennemi, qui vous cherche pour vous jeter dans un cul de basse fosse.
— Est-ce que M. de Beaufort !… commença Gondrin.
— Tête-de-Bœuf ! s’écria le bon duc, à qui ce sujet d’entretien ne plaisait pas, déjeune-t-on chez toi ? Ventre-saint-gris ! je ne suis pas fier, et puisque tu es comte, je boirai de ton vin. Il y a une semaine et demie que je n’ai eu la colique.
— Celui-là est donc bien M. le comte de Pardaillan ? demanda avec respect le président à mortier du parlement de Grenoble, qui venait de consulter ses assesseurs.
Ici se plaça un fait remarquable. Ce ne fut pas M. le duc de Vendôme qui répondit ; ce fut la voix de la foule, belle grande voix toujours généreuse aux vainqueurs et à qui sa noble sagesse a mérité le nom de « voix de Dieu. »