Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/36

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donnaient l’une à l’autre au temps de leur enfance, je ne connais pas de créature humaine qui soit si bonne, si noble, ni si sainte que la comtesse Éliane, ta mère. J’ai besoin de te dire cela avant de poursuivre. C’est un culte que j’ai pour ta mère, entends-moi bien, et je ne sépare jamais sa pensée de celle de Dieu, mon créateur. La comtesse Éliane ne peut ni mal faire ni avoir mal fait. Et quelles que puissent être les apparences…

Pola l’interrompit en se penchant vers elle pour lui mettre au front un baiser. Mélise l’attira jusque sur son cœur.

— Nous nous entendons, dit-elle, l’œil humide. Assez de grandes phrases comme cela. Te souviens-tu, quand nous étions petites, ta mère s’enfermait parfois avec son mari ?

— Je m’en souviens, répliqua mademoiselle de Pardaillan. C’était quand mon pauvre père souffrait davantage de ses idées noires.

— Oui… c’était peut-être cela… peut-être autre chose. Elle était alors des jours entiers, quelquefois des semaines sans paraître. Et cela arrivait toujours quand maître Mathieu Barnabi, le savant médecin et le sieur conseiller de Saint-Venant n’étaient point au château.

— Ce sont les deux meilleurs amis de ma mère, fit observer Pola presque sévèrement. Et M. de Saint-Venant était le parrain de feu mon regretté frère qui portait son nom de baptême.

— Le parrain a bien veillé sur le filleul ! grommela Mélise avec ironie. Ne nous disputons pas à propos de M. de Saint-Venant, mon cœur, et Dieu