Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/66

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une mère semblable à la tienne, surtout, je ne la soupçonnerais pas si aisément que cela.

Les pleurs jaillirent plus abondants des beaux yeux de Pola.

— Tu es bonne et je t’aime, murmura-t-elle en effleurant de ses lèvres le front de sa compagne. Tout mon cœur est à ma mère. Si je cessais à croire à ma mère, je mourrais.

— Et pourquoi cesserais-tu de croire à ta mère ? s’écria la fille de Mitraille avec un véritable courroux.

Pola demeura silencieuse. Ses larmes étaient séchées ; ses joues et ses paupières brûlaient.

— C’est vrai, fit-elle d’une voix changée. Tu as raison. Il y a des choses qui sont impossibles !

Puis, emportée par un élan soudain, elle se jeta dans les bras de Mélise qu’elle pressa convulsivement contre son cœur, disant :

— Si tu savais !…

— Si je savais quoi ? demanda la fillette, voyant que Pola s’arrêtait.

Il y avait de l’égarement dans les yeux de mademoiselle de Pardaillan.

— Si tu savais comme j’aime ma mère ! acheva-t-elle avec un accent de désespoir.

— Tu l’aimes bien, dit Mélise, je le crois ; jamais tu ne pourras l’aimer assez. Mais tu as un doute, ajouta-t-elle, pendant que son regard perçant descendait jusqu’au fond de la conscience de Pola ; tu as un secret peut-être. Garde ton secret, s’il accuse ta mère. Je n’en veux pas. Tu l’as dit : il y a des choses impossibles. J’en sais une, la