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VI

LA POMME D’AMOUR


Le cardinal de Richelieu avait dépensé beaucoup de temps et d’argent pour créer cette magnifique propriété qui fut, depuis lors, un des traits les plus connus de la physionomie de Paris. Certes, aucun autre palais ne pourrait raconter tant d’histoires dramatiques ou amoureuses. Aussitôt construit, il devint le centre de la vie parisienne. Il régna, comme Louis XIV, dès son berceau, puis, rival heureux des Tuileries, intrigant, spéculant, soupant, faisant l’amour, il fut tantôt la Fronde, tantôt la Régence, tantôt la Révolution, tantôt l’Invasion, toujours à la mode, toujours favori de la grande ville, jusqu’à ces derniers temps où sa vogue calmée le livra en proie aux restaurants à prix fixe, providence des dîneurs provinciaux.

Paris brillant s’en est allé plus loin, Paris populaire est ailleurs. On dirait que ce pauvre Palais-Royal, nettoyé, assaini et faisant de la musique pour vivre, comme un aveugle, a en lui