Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/94

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veux brillants, moustaches de soie, regard qui promet, malgré les mœurs d’Italie. Nous verrons bientôt du nouveau. Les cardinaux qui se suivent ne se ressemblent pas plus que les reines.

Ici les deux interlocuteurs se retrouvaient devant la maison neuve, à l’endroit même qu’ils venaient de quitter. L’homme au burnous recommença d’entendre leur conversation.

Renaud de Saint-Venant continuait :

— M. de Mazarin a supérieurement reçu madame Éliane. Vive Dieu ! Elle lui a rappelé un souvenir brûlant ! Ce n’est pas lui qui a oublié la soirée de Rivière-le-Duc ! Il a tenu madame Éliane dans sa propre chambre pendant plus d’une heure, et lui a promis qu’elle verrait la reine tant qu’elle voudrait. Bonne promesse, mon compère ! M. de Mazarin, quoi qu’il ne soit pas encore ministre, distribue déjà de l’eau bénite à triple goupillon. Il connaît Sa Majesté comme sa propre poche, et, certes, ce n’est pas lui qui l’eût mise en présence de madame Éliane.

Si quelqu’un eût pu voir en ce moment la physionomie de l’homme au burnous, ce quelqu’un aurait lu dans ses yeux une sombre colère avec une profonde douleur.

Ses lèvres ne remuèrent point, mais il dit en lui-même :

— Les preuves s’accumulent, les preuves accablantes !

— Madame Éliane, reprit Saint-Venant, a attendu pendant quatre jours le résultat des promesses de M. de Mazarin. Elle aurait pu attendre quatre années, c’eût été tout de même. C’est une