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VI

le trou-aux-biches


Huit jours se passèrent, et aucune nouvelle du docteur ne vint calmer l’inquiétude de Sainte. Grâce à ses soins, Jean Brand était complètement rétabli.

— Mam’zelle Sainte, dit-il un matin, je vais retrouver mes frères. Le secret de notre retraite fait toute notre sûreté, mais je me confie en vous comme si vous étiez ma fille ; voulez-vous venir avec moi !

— Aurai-je des nouvelles de mon père ? demanda Sainte.

— Nous chercherons ; nous interrogerons les gars depuis le premier jusqu’au dernier. Quant à moi, je ferai de mon mieux, voilà qui est sûr.

— Partons donc ! dit Sainte ; mais la route est longue sans doute ?

— Pas si longue que vous pensez. Venez.

Les dernières maisons du bourg de Saint-Yon touchent à un terrain dépourvu d’arbres et dont une portion est maintenant défriché. C’était alors une lande aride, s’étendant à perte de vue, entre la lisière de la forêt et les rivages du marais de l’Ouest. Toute cette lande était couverte d’ajoncs vigoureux et touffus, qui s’élevaient un peu au-dessus de la stature d’un homme.

De tous côtés, comme il arrive d’ordinaire sur les landes où nulle considération ne force le piéton à s’écarter de la ligne directe, ce taillis épineux était percé de mille sentiers divergents, qui se coupaient et