Page:Féval - Le chevalier ténèbre, 1925.djvu/39

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mant taillé en rose, que les ducs d’Autriche portaient à leur couronne ; les sept brillants de Pallas Comnène, — la Pléiade, — les bracelets d’Antonia Doria, la Génoise, qui devint la femme de Nicolas Barberini après des événements intéressants et dramatiques au dernier point ; la bague du cardinal Frégosse, et par dessus tout la splendide parure, présent de noces envoyé à sa filleule par S. M. l’empereur d’Autriche.

« Un événement touchant eut lieu qui se peut raconter en deux mots : ce roi sans couronne, cet héritier de tant de malheurs et de tant de grandeurs, le comte de Glascow, s’avança vers la table de porphyre, chargée de tous ces trésors, et demanda la permission d’y ajouter un simple rang de perles ayant appartenu à la belle infortunée Marie d’Écosse. Je vois encore sa figure vénérable et l’air noblement ingénu de son jeune fils, pendant que les fiancés attendris leur rendaient grâces.

« Et je fais serment sur l’honneur que je ne reconnus point en eux les deux sordides bohémiens du château de Chandor !…

Il s’éleva du cercle un tel murmure de surprise que M. le baron eut la parole littéralement coupée.

— Bravo ! bravo ! bravissimo ! s’écria l’évêque d’Hermopolis. Voilà ce que j’appelle effleurer délicatement une péripétie ! c’était donc le grand et le petit !

— Comment ! dit Mgr de Quélen, il se pourrait !… Mikaël et Solim !

— J’avais deviné, murmura la princesse : en posant les perles fausses sur la table de porphyre, le roi d’Angleterre escamota quelque beau diamant… Ces Anglais !…

Le baron d’Altenheimer salua gravement et répondit :

— Belle dame, rien n’échappe à la pénétration des Françaises. Seulement, le chevalier Ténèbre n’opéra pas son escamotage devant tout le monde, et ses