Page:Féval - Le chevalier ténèbre, 1925.djvu/87

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derrière l’orchestre, et dont l’un employait toute sa force à contenir l’autre.

— Pourquoi m’avez-vous empêché de les saisir ! disait M. d’Arnheim, épuisé par ses efforts.

— Prince, répondait le marquis Gaston de Lorgères, je vous donne ma parole d’honneur qu’ils n’échapperont pas !

Les autres membres de la fête, les messieurs aussi bien que les dames, sortaient comme d’un sommeil. Chacun se prit à regarder ses voisins. On aurait cru rêver, si les traces de la tempête n’eussent existé de toutes parts. En outre, les MM. d’Altenheimer manquaient. On attendit. Personne ne se pressait de parler. Chacun avait en soi une vague appréhension d’avoir été pris pour dupe : il n’y avait plus, en effet, au dehors ni bruits de pas, ni clameurs, ni coups de feu.

L’archevêque, le premier, dit :

— Il y a là-dessous quelque chose d’inexplicable.

Le préfet de police ajouta d’un air chagrin.

— Ces conflits entre le ministère de l’intérieur et la préfecture sont une énormité ! voilà où cela mène !

— Madame la marquise, est-ce que vous avez vu quelque chose ? demanda la princesse à sa voisine.

— Quelque chose, madame ?… Je ne puis dire que j’ai vu, non ! J’ai fermé les yeux comme quand on va tirer des coups de fusil à la parade…, mais senti…, oh ! je suis bien sûre d’avoir senti une odeur de brûlé…

— Ma tante, s’écria Mme de Maillé, Léonie a vu un homme tout noir…

— Et moi, dit le docteur Récamier, j’ai senti comme un grand corps velu…

Il y eut quelques rires. Peut-être n’eut-il fallu qu’un bon mot de franc calibre pour tourner décidément la chose en plaisanterie, mais le bon mot ne vint pas, et l’évêque d’Hermopolis dit :

— Allons achever le compte de notre quête.