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IX

essai sur la philosophie du vol


Tous les gens qui font métier de tromper ou de déjouer la tromperie, — tout le gibier et tous les chasseurs, — les admirables voleurs de Londres, par exemple, qui ont une Sorbonne où professer leur art, et aussi les admirables détectives qui sont entraînés (Well-trained) à découvrir leur piste sur le pavé de la grande Babylone, tous vous diront qu’il y a, pour se rendre invisible, et en dehors de la lampe d’Aladin, deux moyens principaux ; se cacher ou se montrer, mettre un masque ou marcher à visage découvert, glisser dans l’ombre de la nuit ou affronter vaillamment la lumière du soleil ; en deux mots, la ruse et l’audace.

Ces choses-là peuvent être utiles à savoir. On ne doit pas craindre de les apprendre aux malfaiteurs qui ne les ignorent jamais, et il est bon que les honnêtes gens en aient quelque idée, puisqu’ils traversent sans cesse la forêt de Bondy de nos civilisations.

La ruse appartient aux vieilles écoles surtout ; l’audace est le fort de l’école moderne. La plupart des savants gentlemen qui s’occupent en grand de l’art de voler préconisent hautement l’audace et ne se gênent pas pour dire que la ruse a fait son temps.

L’honorable Josuah J. Marshall, l’orgueil de la grande association londonienne, qui fut pendu dans Old-Bayley vers la fin du règne du roi Georges, professait