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Page:Féval - Le poisson d'or (1863).djvu/22

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LE POISSON D’OR

Elle déposa un baiser sur le front de la duchesse décontenancée et passa.

— J’ai fini, murmura Son Excellence, qui fit mine de quitter la sellette.

Ce fut un terrible moment pour la marquise. Ses deux mains se crispèrent comme pour retenir l’histoire qui fuyait. Mais Mme de Chédéglise la rassura d’un sourire.

— Que ma présence n’empêche rien, dit-elle.

Puis, s’adressant au conteur :

— Monsieur Corbière, ajouta-t-elle sans lui donner ni titre ni particule, si votre mémoire fait défaut, je vous viendrai en aide.

En même temps elle s’approcha de lui et lui tendit sa joue, où le ministre, rougissant comme une fillette, déposa un gros baiser tout ému.

Pour le coup, la belle duchesse s’assit sans mot dire ; la marquise se cassa solidement dans son fauteuil. Parmi l’auditoire silencieux, vous eussiez entendu la souris courir.

— Où en étais-je ? demanda brusquement le ministre, Je ne vous savais pas à Paris, madame et bien bonne amie... Enfin, n’importe... A la fin de mon entrevue avec M. Keroulaz, j’étais parfaitement fixé sur ce point, qu’il ne pouvait