Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/176

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n’avais pas eu d’aventures… Paris et ses filous m’avaient laissé ma bourse… Ma chaise de poste avait roulé, de nuit comme de jour, sans être arrêtée jamais par aucun de ces bandits classiques qui deviennent presque aussi rares que les revenants… mais, aujourd’hui, je me suis dédommagé, je vous jure !… Voici mon histoire en deux mots… Je suis arrivé ce matin à Redon, porteur de valeurs importantes… j’avais une mission à remplir dans l’intérieur du pays… Le bon aubergiste de Redon, maître Géraud, ne m’a pas laissé ignorer les dangers de la route… mais je n’y voulais point croire… et d’ailleurs je tenais essentiellement à remplir moi-même mon message… Je suis parti ; à une lieue de Redon, j’ai rencontré des bandits qui m’ont dévalisé.

— Les uhlans !… murmura-t-on à la ronde.

— Je ne saurais pas vous dire au juste… C’était une armée entière de coquins à mines épouvantables !

— Et ils vous ont tout pris ?… demanda Madame.

— Tout mon argent… Mais ces brigands ne me paraissent pas arrivés à un degré très-avancé de civilisation, car ils laissèrent dans ma valise mon portefeuille, bourré de bank-notes.