Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/178

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égarant tout à coup sa fine élégance au milieu des landes bretonnes.

Quant à Vincent, il gardait toujours sa physionomie rude et sombre.

Le maître d’école et l’homme de loi, placés côte à côte au bas bout de la table, avaient surtout envie de savoir ce que contenait d’argent la fameuse valise.

— On a retrouvé plus d’une fois sur le gazon du marais, dit le père Chauvette avec modestie, des objets perdus dans le trajet de Port-Corbeau.

— Je promettrais de grand cœur mille louis, s’écria Robert vivement, à celui qui me rapporterait ma valise !

L’homme de loi prit note de cet engagement, et fit dessein d’aller le lendemain de grand matin à la pêche.

Robert poursuivit en souriant :

— Mais il ne faut jamais compter sur les miracles, et j’aurais mauvaise grâce à me plaindre du sort !… Je ne puis pas dire que je ne regrette point les sommes perdues, car je suis loin de ma famille, et la position d’un étranger sans argent me paraît peu enviable… mais, en définitive, ce sont quelques milliers de louis de moins, voilà tout !… Se laisser abattre pour si peu serait indigne d’un gentleman… Mon cher hôte, je bois à votre santé !