Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/195

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qui font partie de la garde nationale ? Ah ! si seulement la basse Bretagne savait lire, messieurs les mélodramaturges rendraient bon compte de leurs antiques fadaises et de leurs balourdises éhontées !

Là-bas, tout au bout de ce cap aigu qui termine la France, la civilisation marche peut-être moins vite que chez nous ; mais, au moins, ne recule-t-elle pas comme aux environs de nos barrières.

Elle marche. Cacus n’est pas plus fabuleux que les prétendus fabricants de naufrages de la baie des Trépassés. Ceux qui exploitent ces excentricités formidables se trompent tout bonnement de siècle : ils auraient plus tôt fait de chercher dans notre Paris actuel la cour des Miracles ou l’hôtel du roi des ribauds…

Il nous a fallu poser ces prémisses pour avoir le droit de dire que, le jour où notre récit se reprend, les rivages d’Ouessant et les falaises de la côte étaient bordés d’un rang de curieux, parmi lesquels on n’eût pas trouvé un seul de ces féroces pêcheurs qui sucent le sang tiède des riches négociants surpris par un naufrage, pas une seule prêtresse de l’île de Sen, pas l’ombre d’un druide.

C’étaient tous de bonnes gens, travaillant à la terre ou à la mer, vivant du poisson conquis