Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/202

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nuage de fumée, se signait en tremblant comme les gens de la côte, et tâchait d’épeler sur la poupe de l’étrange navire les lettres d’or qui composaient le mot inconnu :

érébus.

Mise à part toute idée superstitieuse, les pêcheurs de la côte et les paysans rassemblés sur le rivage voyaient là une des plus rares merveilles qu’il eût été donné à l’homme de contempler. De moins ignorants et de moins crédules eussent éprouvé à cet aspect une surprise pareille.

L’œuvre hardie et miraculeuse du génie humain leur apparaissait à l’improviste.

L’Érèbe était le premier bâtiment à vapeur qui eût coupé encore les vagues de l’Océan.

On niait, en ce temps, la vapeur, non-seulement parmi le peuple, mais dans les classes les plus éclairées, comme on pourrait nier, de nos jours, la possibilité des voyages aériens.

L’Érèbe avait été essayé dans la Tamise, puis frété par notre nabab pour le trajet de Londres à Bordeaux.

On se faisait alors une opinion fort exagérée des périls d’une semblable navigation, et c’était peut-être pour cela que notre nabab l’avait entreprise.