Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/222

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nihilé pour ainsi dire, dans sa précédente inertie, d’admirer maintenant l’élastique vigueur de sa taille.

On eût dit un de ces beaux lions du désert qui, s’éveillant tout à coup de leur superbe paresse, s’élancent d’un seul bond, franchissant des espaces énormes…

Avant que le capitaine eût donné les ordres usités en pareil cas, le pied de Montalt touchait du premier saut la barre de fer du bastingage, et, l’instant d’après, il disparaissait sous les vagues.

En même temps que le bruit de sa chute, on entendit deux bruits pareils : c’étaient Seïd et son noir compagnon qui venaient de plonger à leur tour.

Par le calme qu’il faisait, on n’avait pas eu de peine à rendre le navire stationnaire. Deux minutes s’étaient à peine écoulées que Montalt, aidé de ses noirs, ramenait le jeune matelot breton, qui n’avait pas même perdu connaissance.

Le capitaine tendit la main à Montalt pour l’aider à remonter sur le pont. Il y avait sur les traits du brave Anglais une véritable émotion.

— Milord, voulut-il dire, Votre Seigneurie a-t-elle honte de son cœur généreux et noble ?… Vous disiez tout à l’heure…