Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/227

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Quant à la promesse que vous me demandez, je me la suis déjà faite à moi-même… Se tuer est, dit-on, l’acte d’un lâche et d’un impie… je suis chrétien et j’ai du cœur !

Montalt avança involontairement sa main que le jeune matelot toucha avec respect.

Il y eut un silence. L’émotion qui était sur le visage du nabab s’effaçait peu à peu pour faire place à cette nonchalante froideur de l’homme qui ne croit plus et qui n’espère plus.

— J’avais vingt ans aussi…, murmura-t-il enfin sans savoir que ses paroles étaient entendues ; je souffrais tant ! je pensai à mourir… Mais, moi aussi, j’étais chrétien et brave !…

— Oh ! s’écria le matelot avec effusion, je répondrais devant Dieu que vous êtes encore l’un et l’autre !…

Le regard que lui jeta Montalt glaça son effusion, et le fit presque repentir de ses paroles.

— Le sais-je ?… prononça le nabab d’un ton sec et froid qui semblait couvrir un découragement profond.

Puis changeant d’accent avec brusquerie, il demanda tout à coup :

— Comment vous nommez-vous ?

— Vincent.

— Vincent qui ?…

Tout à l’heure, le jeune matelot aurait ré-