Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/251

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

trait gracieux pour tous et pour toutes. Il était si bien l’ami de la maison qu’aisément on eût pu l’en croire le maître.

L’assemblée était fort bizarrement composée. Il y avait de charmantes jeunes filles et des demoiselles d’un ridicule très-avancé. Parmi les premières, il fallait distinguer Blanche de Penhoël, la plus jolie de toutes.

Elle avait maintenant quinze ans. Sa jeunesse tenait complétement ce qu’avait promis son enfance. Impossible de trouver une beauté plus douce et plus harmonieuse. Son regard timide avait conservé cette expression tendre et presque céleste qui lui avait valu de la part des bonnes gens du pays le surnom de l’Ange de Penhoël.

Elle portait une robe de mousseline blanche, bordée par une guirlande de petites fleurs bleues. Cette toilette allait à son visage et à la grâce languissante de sa taille.

Quand parfois elle quittait le salon de verdure pour aller chercher sa mère au jardin, et qu’on la voyait se perdre dans le demi-jour des longues allées, elle ressemblait à ces pâles et belles visions que se faisait la poésie des bardes de Bretagne.

Il y avait des moments où le visage de Blanche exprimait le plaisir naïf de l’enfant qui se sent naître jeune fille : la joie inconnue du pre-