Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/35

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En revenant, tu prieras le brave homme de monter me parler… va !

Blaise sortit.

Le jeune M. de Blois, resté seul, se prit à parcourir la chambre de long en large.

Sa tête travaillait énergiquement, et des paroles sans suite tombaient par instants de ses lèvres.

C’était véritablement un cavalier assez remarquable. La redingote indivise que bourrait naguère le gros corps de Blaise dessinait la grâce souple et forte de sa taille. Il y avait de l’intelligence et de la volonté sur les traits réguliers de son visage bruni ; mais, dans ce moment où il se savait à l’abri de tout regard, son œil avait plus que jamais cette étrange expression d’inquiétude qui déparait sa physionomie. On lisait dans sa prunelle mobile et comme tremblante une sorte d’agitation maladive, agissant à l’encontre d’une hardiesse apprise.

Cet homme devait oser beaucoup, mais trembler en osant.

Deux ou trois fois, dans sa promenade, il s’arrêta devant le lit où reposait sa compagne de voyage. La belle Lola dormait toujours, subissant l’effet d’une lassitude accablante. L’étape de la matinée avait été rude, puisque Robert et Blaise, jeunes et forts tous les deux, étaient arrivés haletants et brisés de fatigue.