Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/61

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douce que les bonnes gens l’appellent l’Ange, depuis Carentoir jusqu’à la montée de Redon !… Madame n’a point perdu sa beauté, bien qu’il y ait depuis longtemps un voile de pâleur sur son visage… Elle ne se montre guère aux fêtes des châteaux voisins, mais les pauvres la connaissent et prient pour elle, car elle est la providence du malheureux… Monsieur est bon mari et bon père, quoique certains aient dit dans le temps qu’il jetait parfois des regards étranges vers le berceau de la petite demoiselle Blanche… Il sert l’église, il aime le roi et sa porte est toujours ouverte ; c’est un Penhoël, après tout !… Mais il y a d’autres hôtes encore au manoir, et ce qui réjouirait le cœur de l’aîné, j’en suis sûr, ce serait de voir les deux filles de l’oncle Jean !…

— Le brave oncle ! interrompit Robert, qui cherchait l’occasion de continuer son rôle et de paraître au fait.

— L’oncle en sabots ! s’écria Géraud, je parie qu’il vous a parlé de l’oncle en sabots !…

— Plus de cent fois !

— Il l’aimait tant !… Oh ! et celui-là ne l’a pas oublié !… Quand je parlais du neveu Louis, combien de fois n’ai-je pas vu sa tête blanche s’incliner et une larme venir sous sa paupière !… Si vous écrivez à notre jeune maître, il faudra lui dire tout cela, et lui dire encore que l’oncle