Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/85

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chaient de courtes jupes rayées. Il ne leur manquait ni le tablier bleu ni les souliers à boucles d’étain de la paysanne.

Elles étaient grandes toutes les deux, et de taille à peu près égale. Là s’arrêtait la parité.

Vous avez vu souvent deux jeunes filles, dont les traits diffèrent essentiellement et que rapprochent néanmoins de mystérieux rapports ; elles ont, comme on dit, un air de famille ; elles ressemblent toutes deux à leur mère commune, et ne se ressemblent point entre elles.

Ainsi étaient Diane et Cyprienne de Penhoël. Seulement le terme commun auquel on eût pu comparer leurs gracieux visages manquait ; leur mère était morte depuis bien des années, et rien en elles ne rappelait la grave et douce physionomie de l’oncle Jean, leur père.

Ceux qui se souvenaient du frère aîné de Monsieur, absent du pays depuis quinze ans, prétendaient que leurs sourires rappelaient son sourire ; mais la mémoire de Louis de Penhoël était adorée dans le pays, et quand on songe aux absents aimés, on se fait, comme cela, bien souvent des idées.

Cyprienne et Diane étaient venues au monde alors que Louis de Penhoël avait quitté déjà le manoir de ses pères.

Cyprienne avait de grands yeux noirs, des