Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/121

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L’homme de loi lui présenta son bras, sur lequel René appuya sa marche lourde et pénible. En passant devant le salon de verdure, il s’arrêta, et un murmure sourd gronda dans sa gorge. L’orchestre jouait une hongroise que Lola dansait la tête sur l’épaule d’Alain de Pontalès.

— Elle aimerait mieux être avec vous que là, M. le vicomte !… murmura Macrocéphale ; partout où vous n’êtes pas, la pauvre jeune dame a l’air de s’ennuyer !

— Parlez-vous vrai ?… demanda Penhoël.

— Regardez plutôt !

Ceci était audacieux, car Lola semblait être aux anges. Mais René eut un vague sourire, et reprit, content, le chemin de sa chambre.

Dans sa chambre, il ne trouva ni Pontalès ni Robert de Blois.

— Ils vont venir…, dit Macrocéphale en installant René dans son fauteuil avec les soins empressés d’un valet de chambre. S’il m’était permis de parler ainsi, je dirais : « Ils ne viendront que trop tôt !… » Bon Jésus ! ces hommes-là vous ont-ils gagné de l’argent, Penhoël !

— Donnez-moi mon verre, M. le Hivain, dit Penhoël au lieu de répondre, il faudra bien que la veine change un jour ou l’autre !…

— Si j’étais fée ou sorcier, s’écria Macrocé-