Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/190

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Le fait est qu’il était difficile d’accorder les paroles de Bibandier avec l’expression de douceur patiente qui était sur son pauvre visage, maigre, pâle et défait. Il semblait à Blaise que son vieux camarade souriait aussi par trop débonnairement en parlant de meurtre.

— Ah çà ! reprit-il d’un ton d’hésitation, es-tu bien sûr de ne pas faiblir ?… Elles sont si jeunes… si jolies !…

— Ça ne me fait rien… répondit l’ancien uhlan ; chacun pour soi !… Je ne dis pas que je me servirais volontiers du couteau avec de pauvres chérubins comme ça !… J’espère bien qu’on me laissera la liberté de m’y prendre à ma guise ?

— Carte blanche !… pourvu que ce soit fait.

— Ça sera fait, mon bonhomme… et proprement !

— Viens donc, dit Blaise, qui se mit en marche.

Bibandier but une dernière écuelle de cidre, et n’eut besoin pour le rejoindre que d’allonger un peu le pas de ses grandes jambes.

Chemin faisant, Blaise lui expliqua plus en détail ce qu’on attendait de lui ; Bibandier, tout en écoutant, fredonnait avec sa voix de basse-taille un air à roulades. Plus d’une fois, avant