Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/208

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Jusqu’alors il s’était toujours tenu derrière Robert, contribuant volontiers aux frais de la guerre, mais ne combattant jamais en personne.

Cela lui allait mieux.

Et, en vérité, il aurait regardé sans doute comme un imposteur quiconque lui aurait annoncé, le matin même, les événements de cette soirée. Lui, le marquis de Pontalès, propriétaire de soixante mille livres de rente, jouant au loup-garou dans les taillis et bravant la cour d’assises comme un malheureux !…

Mais les circonstances entraînent, et l’homme le plus habile, engagé dans certaines entreprises, doit jouer le tout pour le tout à un moment donné.

Cela ne veut point dire que Pontalès, en passant la rivière de l’Oust avec ses quatre compagnons, ne fît des réflexions assez chagrines. Il eût vidé sa bourse, sans doute, de grand cœur, pour être transporté tout à coup entre les murailles de son château. On peut penser même que, malgré le désir ancien et passionné qu’il avait de détruire la vieille influence des Penhoël et de se mettre à leur place, il n’aurait point engagé la bataille s’il avait prévu dès le principe, les dangers de cette nuit.

Maintenant, il était trop avancé pour reculer.