Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/43

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Madame respira et la baisa. Un instant encore, elle oublia le récent témoignage de ses yeux.

— Eh bien ! reprit-elle entre deux caresses, tu ne veux pas me dire qui tu aimes le mieux ?

— Celui que j’aime le mieux n’est pas à Penhoël, répondit l’Ange dont la joue devint toute rose ; depuis que mon cousin Vincent est sur la mer, je pense à lui souvent et je le regrette… J’ai bien tort de le regretter, ajouta-t-elle d’un air fâché, car il ne m’a pas même dit adieu avant de partir !…

Madame était devenue tout à coup rêveuse ; ses soupçons ne s’étaient jamais portés de ce côté. Ses souvenirs, éveillés brusquement, lui montrèrent la pâle figure de Vincent avec ses grands yeux toujours fixés sur Blanche.

Un instant, elle demeura muette et le cœur serré.

— Vincent !… murmura-t-elle sans savoir qu’elle parlait. T’es-tu trouvée quelquefois seule avec lui, ma fille ?

Blanche se prit à rire.

— Je me trouvais seule avec lui tous les jours, répondit-elle.

— Tous les jours !… répéta machinalement Marthe de Penhoël. Et te disait-il parfois qu’il t’aimait, Blanche ?