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Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 3, 1850.djvu/102

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LES BELLES-DE-NUIT.

manitaires, mais nul historien n’aura le cœur de lui contester le macadamisage, les bornes kilométriques, le cornet à piston du conducteur, et la lampe merveilleuse qui chauffe en hiver les pieds des voyageurs.

Nous ne parlons pas même des chemins de fer. La diligence seule eût suffi pour créer à notre âge une spécialité honorable.

La diligence si dédaignée !…

L’empire n’est pas encore bien loin de nous, et pourtant si nos jeunes messieurs les voyageurs du commerce voyaient surgir tout à coup une de ces lourdes et incommodes machines auxquelles étaient réduits leurs devanciers, les simples commis voyageurs, ces aimables fils, frémiraient jusque dans leurs breloques.

La restauration fit des progrès, il faut l’avouer ; mais, en 1820, les voitures publiques avaient encore cette physionomie de coucou qui révolte et fait honte. On mettait trois jours et trois nuits pour aller de Rennes à Paris. On couchait en route ; on faisait des relais de sept lieues avec deux ou trois rosses asthmatiques. Enfin des choses qui semblent dater du déluge !

Il a suffi d’une vingtaine d’années pour aplanir les montagnes, combler les fondrières, civiliser les pataches, guérir les chevaux et mettre dans tous les compartiments des diligences res-