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CHAPITRE PREMIER.

— En ce cas, je me ferai une vraie joie de vous offrir une place dans cette voiture.

— Et moi, j’accepte de grand cœur, milord !… s’écria Étienne qui ramassa son paquet.

L’un des noirs ouvrit la portière, et notre jeune peintre s’installa triomphalement dans le coupé.

Il allait se mettre en devoir de renouveler ses remercîments, mais il s’aperçut que milord ne faisait plus d’attention à lui. Milord regardait de tous ses yeux de l’autre côté de la rue où la Concurrence faisait, elle aussi, ses préparatifs de départ.

C’était une pauvre petite voiture, étroite et maigre, traînée par deux chevaux à qui l’attelage poussif de la diligence faisait honte.

Pour singer en tout son opulente rivale, la Concurrence était divisée en trois compartiments, mais il n’y avait que deux places de front dans chacune de ces boîtes étroites et basses.

Ce qui attirait en ce moment l’attention de l’Anglais, c’étaient deux petits chapeaux de paille qu’on apercevait à demi dans la rotonde de la Concurrence.

Du moins, Étienne ne voyait-il que les deux petits chapeaux de paille. Mais ceux-ci coiffaient deux jeunes filles, que l’Anglais avait aperçues