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LES BELLES-DE-NUIT.

— Attendez !

Montalt mit sa tête en dehors et siffla, comme il l’avait fait déjà sous la voûte des messageries.

Les deux chaises de poste s’arrêtèrent immédiatement et du même coup.

Étienne ouvrit de grands yeux.

Quand la diligence passa auprès des chaises arrêtées, Étienne vit, à l’une des portières, deux têtes noires, à l’autre une figure de jeune femme pâle et triste.

Montalt ne prononça qu’un seul mot.

— Arrière…

La jeune femme eut un sourire docile ; les deux têtes noires s’inclinèrent silencieusement, et de tout le voyage, on ne revit plus les chaises de poste.

— Je suis très-capricieux…, répéta Montalt en se tournant vers le jeune peintre ; et puis, bien que j’aie couru le monde, il me vient parfois des idées naïves qui ressemblent à celles des enfants.

Sa voix prit un accent mélancolique et plus doux.

— Personne ne m’aime en ce monde, continua-t-il, et je voudrais tant être aimé !… Je suis seul, toujours seul… Aux heures de tristesse, nul ne me console… et quand je suis heureux, je cherche en vain un sourire ami qui réponde à ma