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CHAPITRE III.

Pendant que les dernières notes de la chanson tombaient sourdes et désolées des lèvres de Diane, le soldat se penchait vers Cyprienne immobile qui ne le voyait point.

Il avait à la main les quelques gros sous composant sa fortune. Et sa fortune tout entière tomba sans bruit dans la poche du tablier de la jeune fille.

Puis le pauvre soldat breton regagna son poste, le cœur léger, les yeux humides…

Diane se taisait ; un instant elle resta appuyée sur sa harpe muette. Les lumières jetèrent une dernière lueur et s’éteignirent.

Le regard abattu de Diane parcourut l’allée solitaire.

— C’est fini !… murmura-t-elle ; viens, Cyprienne !

Et comme celle-ci ne pouvait point se lever, elle la prit entre ses bras.

Puis elle se chargea de la harpe, et les deux jeunes filles descendirent vers la place Louis XV.

Leurs pas étaient lents et pénibles. Elles traversèrent la place, puis le pont de la Concorde. Diane soutenait sa sœur par la taille et lui disait :

— On n’a pas du malheur comme cela tous les jours… Demain nous aurons meilleure chance… ce n’est qu’une nuit à passer !

— Tu me disais la même chose hier…, répli-