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Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 3, 1850.djvu/32

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LES BELLES-DE-NUIT.

duite coupable, lui faisaient garder certains dehors envers Marthe ; mais tout au fond de son cœur il y avait une ancienne rancune, et ses torts personnels, au lieu de contre-balancer les griefs qu’il croyait avoir, ne faisaient que les envenimer.

Cependant, malgré toutes ces raisons d’être cruel au moment de la vengeance, pour expliquer la barbarie froide de Penhoël vis-à-vis de sa malheureuse femme, il faut revenir toujours à la faiblesse originelle de son caractère. Ces êtres qui ont un bon fond, comme dit le langage usuel, arrivent, dans de certaines circonstances, à des excès de férocité incroyable. Que rien ne dérange le cours de leur existence, ils atteindront leur dernier jour sans avoir tué une mouche ; mais que viennent le désordre, la lutte, où le courage leur manque, la défaite, en face de laquelle ils se trouvent sans force, vous les verrez tourner le dos lâchement à l’ennemi vainqueur, et chercher autour d’eux quelque victime sur qui décharger leur impuissante rage.

Et alors, point de pitié ! ce qu’ils ont souffert ils veulent le rendre au centuple ; ils s’acharnent à leur métier de tourmenteur ; ils savourent la torture infligée et se consolent en disant au martyr : « C’est toi qui es cause de tout ce qui m’arrive !… »