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LES BELLES-DE-NUIT.

remuèrent comme s’il eût récité une oraison.

Marthe se traîna vers lui sur ses genoux.

— René…, murmurait-elle en étendant ses bras suppliants, je veux bien mourir… et je vous pardonnerai du fond du cœur… Mais, je vous en prie, avant de me tuer, dites-moi ce que vous avez fait de ma fille ?

René cessa de prier, et montra du doigt le portefeuille qui était à terre auprès de la table.

— Ne vous ai-je pas dit qu’il m’avait fallu payer cela ? répliqua-t-il. Je n’avais plus rien… Robert de Blois m’a demandé votre fille en échange de ces papiers… et je la lui ai donnée !

Marthe appuya ses deux mains contre son cœur et poussa un gémissement faible. Puis elle tomba privée de sentiment.

Penhoël éprouva du doigt la pointe de son épée.

En ce moment, il se fit un bruit léger du côté de la porte. La personne qui venait d’entrer et qui restait dans l’ombre décrochait, elle aussi, une des armes suspendues en trophée sous les vieux portraits de famille.

Quelques pas seulement séparaient Marthe évanouie et René de Penhoël.

Celui-ci pencha sa tête sur sa poitrine et marcha vers sa femme en pensant tout haut :

— Elle, d’abord… moi, ensuite !…