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Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 3, 1850.djvu/51

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CHAPITRE XVIII.

— Je sais que votre femme est une sainte, répondit enfin l’oncle Jean de sa voix douce et pénétrante, et je sais que mon devoir est d’arrêter la main du fils de Penhoël qui va commettre un lâche assassinat.

René brandit son arme en poussant un rugissement.

— Je suis le maître !… s’écria-t-il ; arrière, ou vous êtes mort !

Il s’élança. L’oncle Jean resta droit et ferme. Sa main fit à peine un imperceptible mouvement, et l’épée de René tomba sur le plancher.

René la ramassa en blasphémant, et revint à la charge ; mais il portait en vain des coups furieux : on eût dit qu’il s’attaquait à un mur de pierre.

L’oncle Jean ne bougeait point. On voyait toujours sa main haute tenir l’épée au devant de sa poitrine. Il se contentait de parer et ne portait pas un seul coup.

René haletait. Son front ruisselait de sueur. Il s’appuya bientôt, épuisé, à la muraille.

— Ah !… dit-il en grinçant des dents, ce que vous faites là est pour payer les bienfaits de mon père et mes bienfaits à moi, n’est-ce pas, Jean de Penhoël ?…

— Que Dieu me donne l’occasion de mourir pour vous, mon neveu, répliqua le vieillard dont