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Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 3, 1850.djvu/53

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CHAPITRE XVIII.

— Nous la retrouverons, ma fille…, dit l’oncle Jean.

Le regard de Marthe fit le tour de la chambre, et resta fixé sur la place vide où pendait naguère le portrait de Louis de Penhoël.

— Je me souviens ! murmura-t-elle. Oh ! pourquoi ne m’a-t-il pas tuée ?

L’oncle Jean l’attira sur son cœur.

— Nous la retrouverons, dit-il encore. Je vous promets que nous la retrouverons !…

Il avait de bonnes paroles pour consoler et rendre un espoir qu’il ne gardait point lui-même, car des fenêtres de sa chambre il avait vu Robert emporter son fardeau à travers le jardin et descendre ensuite au grand galop le chemin qui conduisait au bac.

Son premier mouvement avait été de poursuivre le ravisseur, car l’échelle dressée contre la fenêtre de l’Ange lui donnait tout à deviner ; mais lorsqu’il atteignit Port-Corbeau, Robert avait déjà passé l’Oust, et courait ventre à terre sur la route de Redon.

C’était Robert que Vincent de Penhoël, revenant au manoir, avait rencontré dans le taillis, à la hauteur du bourg de Bains.

Tandis que l’oncle Jean remontait tristement la colline, Vincent poussait son cheval de toute sa force. Il avait grande hâte d’arriver. Depuis