entre les bras d’un homme dont elle ne voyait point le visage, et qui l’emportait enveloppée dans ses couvertures. L’effroi qu’elle ressentit fut trop violent pour sa faiblesse ; elle eut à peine le temps de pousser un cri qui s’étouffa sous la couverture, et perdit connaissance.
Tout semblait favoriser le rapt ; mais au moment où Robert, chargé de sa proie, mettait le pied dans le jardin, il se trouva face à face avec le maître de Penhoël.
Robert, qui s’était armé à tout hasard, ne songea même pas à faire usage de ses armes. Il y eut entre lui et René une scène courte et caractéristique. René, si bas qu’il fût tombé, gardait bien ce qu’il fallait d’énergie pour défendre sa fille, même contre Robert ; mais ce dernier le dominait, pour ainsi dire, par chaque fibre de son être.
Il ne se déconcerta point, et répondit à la première question de René en découvrant le visage de Blanche.
Puis il dit :
— Je l’enlève… Croyez-moi, Penhoël, cela ne vous regarde pas.
C’était toucher du premier coup l’endroit malade. Il y avait trois ans que Robert travaillait à envenimer les soupçons qui étaient au fond du cœur de René ; la tâche était presque