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LES BELLES-DE-NUIT.

— On vous trouve enfin, madame !… dit-il d’une voix embarrassée. Voilà longtemps que je vous cherche !… Debout et suivez-moi.

La pauvre Marthe tâcha en vain d’obéir. Et tout en s’efforçant, elle murmurait :

— Ma fille !… par pitié, René, dites-moi où est ma fille !

Les sourcils de Penhoël se froncèrent. Sa figure était effrayante à voir.

— Ne m’avez-vous pas entendu ?… s’écria-t-il ; ou ne suis-je déjà plus le maître ?…

Marthe ne pouvait bouger. René traversa la chambre d’un pas lourd et chancelant. Quand il fut arrivé auprès de sa femme, il se baissa pour lui saisir le bras, et ce mouvement faillit lui faire perdre l’équilibre, tant l’eau-de-vie chargeait pesamment sa tête !

Il ne tomba pas cependant, et Marthe poussa un cri faible, parce que la main brutale de René lui écrasait le bras.

Il la souleva de force et la traîna, brisée, jusque dans le corridor.

Il y avait des années que le maître de Penhoël laissait sa femme dans l’abandon, mais il ne l’avait jamais maltraitée. Aux heures même de son ivresse quotidienne, il avait toujours gardé vis-à-vis d’elle les dehors du respect.

Cette violence soudaine, dont le motif ne se